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francis bacon - Page 3

  • Le vrai François Bacon

    L'hypothèse selon laquelle François Bacon pourrait avoir écrit les pièces signées Shakespeare est écartée avec dédain par Michèle Le Doeuff, spécialiste française officielle de F. Bacon (fac de Toulouse). Mais les commentaires sur Bacon de Mme Le Doeuff s'avèrent sur de nombreux points parfaitement baroques et grotesques ; par exemple :

    - Etant féministe, Mme Le Doeuff transpose sur l'objet de son étude sa fantaisie féministe alors même que le féminisme est une variété de sexisme qui n'a de sens que dans un contexte politique récent, la plupart des "droits" acquis par les femmes occidentales ou nord-américaines l'ayant été du fait de l'industrialisation massive et de la généralisation du salariat. Le seul intérêt du féminisme de Mme Le Doeuff est qu'il la conduit à dénoncer le pillage par le "misogyne" Gaston Bachelard d'une partie de l'oeuvre de Bacon. Il faut ajouter que ce pillage est d'autant plus contestable que les délires scientifiques de Bachelard s'écartent complètement de la rigueur scientifique souhaitée par Bacon (dont Marx peut plus légitimement revendiquer la paternité).

    *

    - Plus grave, dans la mesure où cette assertion est devenue un lieu commun sur Bacon (dont J. Ratzinger s'inspire probablement pour s'en prendre de façon inepte et inique à François Bacon dans une encyclique récente), M. Le Doeuff propage l'idée selon laquelle François Bacon serait un des pères fondateurs de la science moderne. Il n'est pourtant pas difficile de prouver que la science de François Bacon est beaucoup plus proche de celle de son homonyme Roger Bacon, moine franciscain du XIIIe siècle, que de la science de Descartes ou d'Isaac Newton, bien peu expérimentales contrairement à la légende dorée de ces deux rhétoriciens (tels sont-ils qualifiables du point de vue de la science matérialiste ; la science d'Einstein ou de Bergson aurait d'ailleurs certainement fait beaucoup rire François Bacon). Descartes prétend il est vrai s'inspirer en partie de Bacon ; mais il prétend aussi s'inspirer d'Aristote qu'il n'a pas vraiment compris, pas plus que le savant nazi Heidegger plus récemment. L'expression de "science expérimentale" est destinée à faire avaler le mythe de la neutralité de la science laïque, bien qu'il ne soit pas difficile de constater qu'Aristote ou Ptolémée font beaucoup plus appel à l'expérimentation que Freud ou Bachelard.

    Son propre statut entraîne Mme Le Doeuff à occulter elle-même deux faits concernant la science actuelle : primo celle-ci est dans une large mesure une science de fonctionnaires financée par de grands groupes industriels et donc complètement étrangère aux voeux formulés par François Bacon ; secundo la science a pris la place que la théologie occupait au moyen âge et remplit un rôle religieux désormais en contradiction complète avec l'intention de Bacon. La meilleure preuve ce sont les cris d'orfraie que déclenche à la télévision la simple affirmation que le darwinisme est une pièce essentielle de l'idéologie nationale-socialiste, comme du capitalisme désormais.

    *

    - On peut supposer -même si elle n'en fait pas état-, que Mme Le Doeuff est athée étant donné la légèreté avec laquelle elle interprète ou relègue le christianisme de François Bacon qui est au contraire un axe essentiel de la science de Bacon, si ce n'est l'axe principal.

    C'est un point particulièrement intéressant ; il permet de comprendre mieux la dimension religieuse qu'occupe la polytechnique aujourd'hui. Si des savants aussi différents que Bacon, Newton ou Galilée doivent être purgés de leur christianisme au prix de mensonges grossiers (Newton est sans doute un des savants les plus "religieux", dans le mauvais sens, de tous les temps, et cela bien que ses connaissances en théologie sont déficientes), c'est pour mieux les intégrer à un corpus scientifique laïc prétendument neutre.

    Comment comprendre que l'université laïque et le pape s'entendent aussi bien, l'une pour déformer, l'autre pour dénigrer François Bacon ? L'explication en est très intéressante. Si la théologie de Bacon est minimaliste dans la forme c'est parce que, précisément, selon le savant anglais, la scolastique a pour effet de dénaturer le sens des Saintes Ecritures dans une très large mesure, de les enfouir sous des tombereaux d'explications plus ou moins gnostiques, non de les mettre en valeur. Les circonvolutions de l'histoire font que l'anticléricalisme de Bacon, désormais que l'Eglise n'est plus qu'un grand cadavre tout à fait froid, transposables à la science universitaire laïque. Typique l'exemple de la biologie quand on observe ne serait-ce que la phraséologie d'un Stephen Gould dans le domaine du transformisme. L'observation de Marx à propos de la scolastique de Duns Scot, selon laquelle ce genre de science fait autorité par son seul poids d'encre et de papier vaut pour les massifs traités de Gould qui empile des considérations quasiment juridiques sans jamais fournir d'explication univoque aux mutations ne serait-ce que légères observées dans certaines espèces animales.

    La science universitaire, on le constate, renouvelle l'attentat de la scolastique contre les Saintes Ecritures en général et l'apocalypse en particulier en enterrant la science physique sous des tombereaux de commentaires frappés au coin des préjugés de leurs auteurs. Karl Marx et Simone Weil se voient confirmés dans leur affirmation que la religion de l'Etat qui est inévitablement celle de ses fonctionnaires, mais pas seulement, est un opium plus fort encore que celle de Rome.

  • Apophtegmes

    "Le fils du ministre Bound enleva la femme d'un gentilhomme dans le Shropshire, qui vécut avec lui séparée de son mari ; quand il fut lassé d'elle, il proposa au mari de la ramener à la maison, offrant cinq cent livres en plus en guise de dommages-intérêts.

    Le gentilhomme se rendit chez Sir H. Sidney pour lui demander conseil à propos de cette offre ; il expliqua que sa femme lui promettait de se conduire différemment, et à vrai dire que cinq cent livres l'accompagneraient ; par-dessus le marché, il lui arrivait de souhaiter avoir une femme dans son lit de temps en temps.

    - Par ma foi, dit Sir Henri Sidney, ramène-la chez toi et prends l'argent ; car si elle cocufiait quelqu'un d'autre, tu devrais t'en sentir coupable."

    François Bacon, "Apophtegmes" (1624)

    Certains des aphorismes de Bacon, inspirés de faits réels, reflètent le même mépris pour le masque des conventions sociales qu'on retrouve dans la plupart des pièces de Shakespeare. De "cul" ou de sentiments il n'est guère question dans le théâtre de Shakespeare que pour en railler le principe puéril. Le ton historique et prophétique de Marx (accusé lui aussi à tort de "socialisme") est déjà celui de la Renaissance ; on peut même dire que l'intérêt pour l'apocalypse est une caractéristique de l'art de la Renaissance qui permet de distinguer celui-ci nettement de l'art baroque.

    La critique historique naît ou renaît bel et bien en Occident dans un contexte où le christianisme se "déjudiciarise". Karl Marx est certainement un humaniste beaucoup trop pointu pour ne pas l'avoir remarqué ("pointu" veut dire qu'il n'est pas un guignol comme F. Nitche, archétype de l'abruti national-socialiste et d'un paganisme de cabinet imbécile).

    La façon dont les peintres substituent la mythologie grecque aux contes païens locaux plus archaïques mélangés au moyen âge avec le christianisme, va dans le même sens. Bacon est un chrétien de la Renaissance qui s'intéresse à la religion des Juifs ou à celle des Grecs dans la mesure où elles sont aussi apocalyptiques. Il va de soi que la Renaissance ne va pas dans le sens théocratique comme le franc-maçon catholique Joseph de Maistre l'avait parfaitement pigé, prenant Bacon pour cible dans son délire nostalgique ; s'il y a un fou qui mérite d'être loué pour sa "raison horlogère", c'est de Maistre (L'histoire est ironique au point de nous montrer aujourd'hui un Tariq Ramadan plus "voltairien" et moins "ottoman" que J. de Maistre n'était au XIXe siècle : comme quoi traduire ainsi que le font les médiats les religions en "idéologies", afin de les mieux circonscrire, n'a guère de sens.)

    Compte tenu au contraire du culte des conventions sociales et de la famille dans les peuples germaniques, on comprend que S. Freud ou F. Nitche aient été mal placés pour comprendre Shakespeare et en donnent parfois une interprétation qui flirte avec le grotesque (Claudius, boiteux et incestueux, est beaucoup plus proche, par exemple, du tyran Oedipe, que Hamlet ne l'est.)

    L'occasion de remarquer aussi le décalage entre la théologie de Luther, tout de même imprégnée d'esprit humaniste, et la religion de la bourgeoisie allemande qu'on a appelée "luthéranisme" mais qui s'avère beaucoup plus proche du christianisme mondain de Port-Royal. Je ne suis pas sûr de pousser le paradoxe trop loin en disant que l'illuminisme et la gnose à la mode chez les derniers cathos français qui subsistent est plus près de Rimbaud que de Luther.

    "Une femme soupçonnée par son mari de le tromper et pressée par lui très durement de questions lui fit une brève réponse, protestant vivement qu'elle ne savait pas plus de quoi il voulait parler que l'homme sur la lune. Il se trouve que le capitaine du navire nommé "La Lune" était son amant."

    "Il y avait un jeune homme à Rome qui ressemblait beaucoup à César-Auguste ; celui-ci l'apprit, et le jeune homme convoqué une fois devant lui, Auguste l'interrogea sur le point de savoir si sa mère avait jamais vécu à Rome ? Il répondit :

    - Non, monsieur, mais mon père oui."

    François Bacon, Ibid.

  • Bacon notre Avant-garde

    "La commission du trésor incita le roi Jacques Ier, afin de soulager son budget, à déboiser certaines de ses propriétés, arguant que celles-ci étaient à l'écart des routes, non près d'une des demeures du roi, pas même en voie d'accroître son gain - forêts dont il ne pourrait donc avoir ni us ni plaisir.

    - C'est que, répondit le roi, croyez-vous que Salomon eût l'usage ou le plaisir de chacune de ses trois cent concubines ?"

    *
    "La reine Elisabeth, le lendemain de son couronnement (c'est la coutume d'élargir des prisonniers lors de l'intronisation d'un prince) se rendit à l'église ; puis à la chambre haute où l'un de ses courtisans qu'elle connaissait bien lui présenta une requête. Devant un grand nombre de courtisans, il fit son siège d'une voix forte, assurant que quatre ou cinq prisonniers par ces temps bénis méritaient plus que d'autres d'être élargis : les quatre évangélistes et l'apôtre saint Paul, longtemps "bouclés" dans une langue étrangère, comme s'ils étaient en prison, de sorte qu'ils ne puissent converser avec le commun des hommes.

    La Reine répondit très gravement que le mieux était au préalable de s'enquérir auprès d'eux afin de savoir s'ils voulaient être élargis ou pas."

    François Bacon, "Apophtegmes" (1624), trad. Lapinos.

    Elisabeth, deuxième fille du roi Henri VIII-Tudor monte sur le trône d'Angleterre et d'Irlande en 1558. Le père de François Bacon, le ministre Nicolas Bacon est-il ce courtisan que la reine "connaissait" bien dont parle François Bacon, lui même appelé plus tard à jouer le rôle de conseiller de la même reine ? Certains ont même émis l'hypothèse que François Bacon n'était autre que le fils illégitime de la reine, né d'un amour avec son courtisan Nicolas. Si c'était le cas, cela signifierait que le premier des monarques absolus d'Occident, modèle du genre, aurait engendré le savant le plus acharné contre le pouvoir temporel, au point d'exciter encore la haine de Joseph de Maistre, tenant d'un christianisme plus ottoman encore que celui de Soliman, deux siècles plus tard ?
    Aussi adepte de la théocratie J. de Maistre soit-il, il faut lui reconnaître la capacité de situer Bacon convenablement dans la tradition humaniste de la Renaissance qu'il exècre, et non comme le pape Benoît XVI aujourd'hui ou l'université française laïque d'en faire le père de la polytechnique moderne ou Dieu sait quel mensonge historique de cet acabit.
  • Bacon our Shakespeare

    Commenting upon Shakespeare today scholars are giving him their own Philistine prudishness and silliness. Feelings are driving to ultimate black holes and shit; the Tragedian does know it and let the virtue on one side. "Measure for measure" is about how believing in virtue and power, under the Devil's sun (see Lucio's wink), is a tragedy -not a comedy- for little kids.

    How can scholars forget Hamlet's telling to Ophelia to go to the nunnery? How can they forget what happen to Rosencrantz and Guildenstern who are themselves scholars? Fiction is good for the Physiologist or the Christian gasteropod (French R. Girard explaining -what a scoop!- that 'Hamlet' is not about revenge).

    It is thus useless to blame Shakespeare for his lack of psychology as some patriotic poet or hired scholar did. For stupid German S. Freud, Hamlet is Oedipus although Claudius is obviously the Tyrant whose power is based on incest as politics in general (says Oedipus' fable). German philosophy is able to condemn everybody to death penalty except the body of law that has nobody: what proves Freud one more time.

    How do we have to understand Shakespeare when Shylock is ruling? That is the question.

    "Phoenix and Turtle", part of "Loues Martyr" (1601) was translated in French by F.-V. Hugo (son of famous poet) who does not underline the aristotelician physics -or ontology- enough, that the author does apply to the Revelation, especially in the "anthem" part, second one.

    But I chose to present last part first before because of its simplicity. Due to the Baroque cancer where we are now in its last phasis, central part of Shakespeare's praise song is more difficult. Thinking out of time is what Baroque cancer prevent. Sole play of time as a murderer along Shakespeare's theater is enough to recognize a christian materialist thinking. Shakespeare is seeing theocracy that was coming as the effect of Lucifer's power in the history, beyond Hercule's columns.

    Christian free-mason J. de Maistre was right when he saw Shakespeare and Francis Bacon as ennemies of his turkish idea of christianism, satanic fantasy of a coming back of Louis XIVth bloody kingdom. Maistre is maybe wiser here than Voltaire who did not love Bacon enough and neglected him to much for stupid mathematics of I. Newton.

    It is not scientific to ask wether if Shakespeare is catholic or not. For sure on one point he does think as Dante Alighieri or Luther that the marriage of the Church (Gertrude) with civil power (Claudius) is the worst thing. But both English Church and the Catholic one were representing this betraying at this time. It is thus wiser to see a link between Queen Elisabeth and King Claudius than between Queen Elisabeth and Queen Gertrude. Therefore Shakespeare is more 'trinitarian' than recent roman popes themselves are.

    LAST PART III:

     

    THRENOS

    "BEAUTY, truth, and rarity,

    Grace in all simplicity,

    Here enclosed in cinders lie.

    Death is now the phoenix' nest;

    And the turtle's loyal breast

    To eternity doth rest,

    Leaving no posterity:

    'Twas not their infirmity,

    It was married chastity.

    Truth may seem, but cannot be;

    Beauty brag, but 'tis not she;

    Truth and beauty buried be.

    To this urn let those repair

    That are either true or fair;

    For these dead birds sigh a prayer."

    Glory for the Phoenix, salvation for the Turtle, symbol of christian sionism and holly spirit, can we sum up here. See what glorious warriors of Troy are for Shakespeare ('Troilus and Cressidea': just dummies.)

    TO BE CONTINUED

  • Gentilhommes d'hier et d'aujourd'hui

    "M. Bettenham disait que les hommes vertueux sont comme certaines plantes ou épices qui ne donnent leur odeur délicieuse tant qu'on ne les coupe ou les broie."

    "Un gentilhomme se rendit à un tournoi tout en roux-orangé, et se battit fort mal. Le lendemain il revint en vert, et ce fut encore pire. L'un des spectateurs en interrogea un autre : pour quelle raison ce gentilhomme a-t-il changé ses couleurs ? L'autre répondit qu'il devait sûrement avoir remarqué que le gentilhomme en vert s'était moins bien battu que le gentilhomme en roux-orangé."

    "Il était un peintre qui se fit médecin. Là-dessus, quelqu'un lui dit ; tu as bien fait ; auparavant les défauts de ton oeuvre étaient apparents, désormais ils sont invisibles."

    François Bacon, "Apophtegmes" (1624).

    Le troisième apophtegme illustre, mieux que le dédain pour la médecine perpétué en France par Molière, la défiance de l'humaniste chrétien vis-à-vis d'un art "physiologique" qui constitue un terrain favorable à l'ésotérisme et au culte des démons. Le médecin de Molière est parfois en costume noir et coiffé d'un chapeau conique ("corne" du diable figuration du "cône" ou du "faisceau" lumineux indique Bacon par ailleurs). Dans sa hiérarchie scientifique, Bacon relègue d'ailleurs la médecine comme les mathématiques au rang d'arts subalternes.

    Prophétique Bacon ici à double titre puisque la science transformiste darwinienne, un des dogmes fondamentaux de l'opium national-socialiste, est au XIXe siècle un des principaux vecteurs de réintroduction de l'archaïque fatalisme romain, croyance liée au culte des morts et qui favorise l'aliénation de l'individu à des spectres tels que la nation, la patrie, l'Etat, l'entreprise, l'université, etc.

    La dégradation du christianisme en religion d'Etat, la tournure dite "janséniste" en France, mène d'ailleurs à un christianisme perméable à l'idée de prédestination (tout à fait satanique sur le plan chrétien, et dont les pascaliennes jongleries de Jean Guitton constituent le terminus obscurantiste).

    Fait historique vérifiable, la réintroduction de l'idée païenne de destin (rétrograde non seulement par rapport à l'humanisme de la Renaissance mais également par rapport à Homère ou Aristote !), cette réintroduction par le biais de la psychologie, la biologie, l'architecture canonique, etc., a pour contrepartie la dissolution d'une démonologie telle que celle développée par François Bacon, indissociable de sa dialectique historique, distincte à la fois de la crainte médiévale du diable et de la négation baroque. C'est si vrai que, détruisant les arcanes de la religion bourgeoise et le cycle vicieux capitaliste, afin de restaurer la dialectique scientifique, Karl Marx est entraîné à qualifier la bourgeoisie capitaliste et ses principes de façon quasiment "balzacienne" voire "homérique", à la démasquer derrière sa mystique spécieuse.

    -Destruction de la théologie par l'Eglise d'une part, de la science par l'Etat d'autre part, suivant le même fonctionnalisme anthropologique. L'union de la vertu et de la puissance au service de la mort, apparence qui se résout en une fraction pour le suppôt en vice et en impuissance.

    Prophétique aussi Bacon parce que l'esthétique nationale-socialiste ou capitaliste, l'art totalitaire des foirails d'art contemporain peut être défini comme un art "organique" ou "femelle". On retrouve d'ailleurs dans la valetaille employée à valoriser le patrimoine de Pinault & Arnault, parodies de mécènes inaptes à causer intelligemment d'autre chose que de tennis ou de football, la même gnose ésotérique que chez le médecin de Molière ou son bourgeois gentilhomme.

    Non sans rapport avec la médecine, on observe que la religion laïque de l'Etat s'est emparée de la psychologie, moyen de sidération efficace comme jadis la confession auriculaire dans le christianisme puritain médiéval ou janséniste. Bien que dénuées de tout fondement scientifique, ces pratiques de sourciers laïcs sont désormais intégrées dans le processus judiciaire (La confession auriculaire avait bien sûr elle aussi un aspect judiciaire en dépit du "Tu ne jugeras point".) : on peut faire avaler que la pseudo-science freudienne a pour effet d'atténuer la condamnation et de soulager le prévenu, en réalité ce cléricalisme-là a pour but de dédouaner l'Etat de ses tares flagrantes. La vraie vocation du sourcier laïc est de forger le "responsable mais pas coupable" du fonctionnaire d'Etat AUSSI BIEN QUE du Capital, dont la seule initiative est le "hold-up" permanent.

    *

    A propos du deuxième aphorisme, les couleurs orange et verte sont comme les couleurs pourpre, écarlate ou noire, des couleurs liées aux diable dans l'esprit de la Renaissance. Il faut se garder concernant Bacon de transposer sur lui sa propre fantaisie comme fait largement l'université aujourd'hui. Si parler du diable est aujourd'hui y compris dans les conclaves romains un peu comme parler d'une corde dans la maison d'un pendu, l'humanisme de la Renaissance ne connaît pas ce genre de tabou.

  • De modèle à Hortefeux

    "Bresquet, bouffon de François Ier de France, tenait le compte des imbéciles dans un calepin avec lequel il amusait le roi, lui disant toujours son motif d'y inscrire Untel.

    Quand l'empereur Charles Quint, confiant dans la noblesse de coeur de François, traversa la France pour aller mater la rébellion de Gand, Bresquet l'inscrivit dans son calepin. Le roi lui demanda pourquoi. Il répondit que la cause était que Charles, après avoir fait subir au roi de France les pires vexations qu'un prince endura jamais, n'en continuait pas moins de se fier à lui.

    - Dites Bresquet, fit le roi, que diriez-vous si vous le voyiez s'en retourner dans l'autre sens comme s'il se promenait tranquillement à travers l'Espagne? Et Bresquet de répondre : auquel cas je l'ôterais de mon calepin et vous y mettrais."

    François Bacon, "Apophtegmes" (trad. Lapinos libre de droit sauf pour capitalistes pédérastes.)

  • Apophtegmes

    "Il était un roi de Hongrie qui prit sur le champ de bataille un évêque, l'emmenant en captivité ; là-dessus le pape lui adresse une admonestation pour la raison qu'il avait violé un privilège de la sainte Eglise et capturé un de ses fils.

    Le roi fit parvenir par ambassade au pape l'armure de l'évêque avec ce seul commentaire écrit : 'Vide num haec sit vestis filii' : Voyez comment désormais votre fils s'habille."

    *

    "Alphonse d'Aragon avait coutume de dire que la vieillesse pour en faire l'éloge qu'elle était le mieux en quatre choses : le bois vieux meilleur pour le feu ; le vin vieux à boire ; les vieux amis en qui faire confiance ; et les vieux écrivains à lire."

    *

    "On l'a dit d'Auguste et de même pour Septime Sévère ensuite : tous deux accomplirent un nombre infini de méfaits à leurs débuts, et un bien infini pour finir ; de sorte qu'ils n'auraient jamais dû naître ou bien ne jamais mourir."

     

    François Bacon, "Apophtegmes" (Trad. Lapinos libre de droits sauf capitalistes pédérastes.)

  • L'Amour de Shakespeare

    S’agissant de Shakespeare, il faut se garder de l’indécrottable niaiserie sentimentale qui est le trait dominant de la bourgeoisie et de sa science scolastique depuis le XIXe siècle. Les sentiments conduisent au merdoiement ultime ; et le tragédien le sachant maintient sa dialectique à distance de la police des moeurs. La prude salope Ophélie peut aller se faire voir au couvent, comme une bonne "fille à papa". Romance est bonne pour le physiologiste ; mieux vaut dire carrément pour le gastronome et sa méditation digestive, le chrétien gastéropode.

    Aussi est-il parfaitement vain de reprocher à Shakespeare son "manque de psychologie" comme tel ou tel poète nationaliste/thésard appointé s'est permis. Les thésards, dans Shakespeare, sont Rosencrantz et Guildenstern, et on sait ce qu'il advient d'eux enfin.

    Le poème "Phénix et Colombe", partie du "Martyre d'amour" ("Loues Martyr" - 1601) dont la traduction méritoire de François-Victor Hugo ne souligne pas assez l'aristotélisme ou l'"ontologie" shakespearienne appliquée à l'apocalypse, se compose de trois parties. Je choisis d'en présenter d'abord la dernière (Oraison, "Thrène"), dont l'arrière-plan théologique est le plus aisé à traduire. Avant de revenir au début du cantique et à sa partie centrale la plus ardue à expliquer, compte tenu du cancer baroque en phase terminale où nous sommes, la conversion définitive de l'Eglise romaine à des "valeurs actuelles" parfaitement sinistres.

    Le rôle d'assassin dévolu au temps dans l'oeuvre de Shakespeare permet à lui seul de reconnaître une pensée matérialiste chrétienne ; ça empêche de faire de Shakespeare un auteur baroque et de le mêler au culte bourgeois de la musique, des horloges, de la balistique et des miroirs, sans compter le concile "tridentin". Le franc-maçon Joseph de Maistre a vu juste en marquant Shakespeare comme un ennemi de son christianisme ottoman ; grâce soit rendue à de Maistre pour une sincérité dont ses héritiers, adeptes d'une théocratie chrétienne en apparence plus molle, parfaitement narcissique mais non moins meurtrière, sont incapables aujourd'hui. L'avantage des cercles délimités par le compas de de Maistre, c'est qu'ils sont nets.

    Shakespeare peint dans "Troïlus et Cresside" Ajax en héros diabolique ; du crâne fendu d'Ajax jaillirait de la musique. Nul hasard chez Shakespeare.

    III. ORAISON ("Thrène")

    "Beauté, Vérité et Excellence, la Grâce en toute simplicité, dans ces scories sont incluses :

    La mort désormais est là où niche le phénix ; tandis que la poitrine de la loyale colombe repose bel et bien dans l'Eternité.

    Sans laisser de postérité : non pas à cause de leur infirmité, mais du mariage dans la chasteté.

    La Vérité peut paraître sans être ; la Beauté triomphe, mais ce n'est pas elle. Vérité et Beauté peuvent être enterrés.

    A cette urne laissons se rendre ceux qui sont, ou beaux, ou vrais ; murmurons pour ces oiseaux morts une prière."


    La gloire pour le phénix, le salut éternel pour la colombe du sionisme chrétien. Shakespeare, rompu aux sciences naturelles comme aux Saintes Ecritures reprend le symbole de la colombe, oiseau incarnant l'Esprit chrétien de sagesse charitable, déjà présent dans les écrits prophétiques juif ou grec en tant que tel. Persée vainqueur de la Méduse est ainsi représenté sur certains cratères antiques, escorté d'une colombe. Athéné, plus souvent associée à la chouette et sa vision nocturne, l'est aussi parfois à une colombe ; le pouvoir de retourner la tête de Méduse contre ses ennemis est d'ailleurs offert par Persée à la déesse qui incarne l'esprit de Zeus.

    Shakespeare fait certainement partie des humanistes jusqu'à Voltaire inclus qui pensent que les Grecs, d'une manière ou d'une autre, ont élaboré une religion dont l'imaginaire provient largement de l'Ancien Testament, prophéties apocalyptiques incluses. Le plus sérieux de ces savants humanistes est François Bacon puisqu'il jette les bases historiques de cette thèse, tout en énonçant une des plus anciennes théories de la dérive des continents (C. Darwin s'y serait rallié à la fin de sa vie, ce qui si cela est vrai implique la mort du darwinisme dans l'esprit de Darwin lui-même, car il n'y a pas hormis celle d'Aristote de science naturelle moins radicalement opposée à l'idée de transformisme et de progrès par mutation, la mutation étant pour Bacon, ontologiquement et symboliquement, un fait statique.)

    Le phénix, lui, oiseau du Sud (l'emblème du Mexique, par exemple, et qui signifie "rouge sang", "écarlate") est pris comme un symbole luciférien en raison de son rapport avec le soleil (Apollyon est le nom de l'ange de l'abîme, Abaddon en hébreu) et de son pouvoir mythique de régénération dans le temps. Le culte du soleil et la pratique des sacrifices humains dans l'Antiquité comme dans les religions du Nouveau Monde ont été rapportées aux humanistes de la Renaissance dont l'eschatologie ne peut se passer de cette géographie. Est-il besoin d'insister sur le fait que l'esprit de la Renaissance que Shakespeare exprime est à mille lieues de l'existentialisme nazi, du cartésianisme ou du christianisme antitrinitaire du dernier pape ?

    La régénération dans le temps est bien sûr liée à l'engendrement et à la postérité. Les sonnets ont pu être traduits parfois comme l'incitation par Shakespeare à la procréation de tel ou tel hypothétique amant !!! Alors que la strophe invite à la chasteté, à l'imitation du Christ ou de la vierge Marie ; on peut aussi citer l'Apocalypse de saint Jean, principale source d'inspiration de l'auteur du chant ("Et ils chantaient comme un chant nouveau devant le trône (...) et nul ne pouvait apprendre ce cantique, si ce n'est les cent quarante-quatre mille qui ont été rachetés de la terre. Ce sont ceux qui ne se sont pas souillés avec des femmes, car ils sont vierges. Ce sont eux qui accompagnent l'Agneau partout où il va." Ap. XIV, 3 ; ces cent quarante-quatre mille qui ont leur place au ciel sont précisément appelés "martyrs" dans la vision de l'évangéliste.)

    Le culte du temps, s'il est un des aspects essentiels d'une philosophie germanique nazie que Joseph Ratzinger n'hésite pas à recycler (le sinistre Hans Küng a publiquement invité son confrère à adopter totalement l'anti-histoire de Hegel - Hitler excepté), ce culte est interprété -au-delà de Shakespeare- par la science de la Renaissance comme étant démoniaque et lié au débordement d'âme animiste, facteur de superstitions et de croyance païenne dans la métempsycose.

    L'antimonachisme de Shakespeare, à la suite de Rabelais, indique qu'il impute aux clercs le retour en force de l'animisme. Difficile pour nous qui sommes contemporains du pacte entre la religion républicaine "laïque" et les églises chrétiennes, objets d'un mépris croissant et proportionnel au nombre de "paroissiens" qu'elles comptent, de comprendre que l'Eglise pour les humanistes qui la critiquent est devenue une puissance séculière, et que c'est cet aspect qu'ils combattent le plus vigoureusement ; d'autant plus difficile que la scolastique laïque tente de faire croire que la religion de l'Etat actuelle est héritière de l'humanisme "via" la Révolution française, hypothèse parfaitement chronologique et absurde, renforcée par la muséographie boche de Freud, Nitche, Panofsky ou Malraux, suborneurs de l'art dont l'astuce consiste à assimiler l'art de la Renaissance à l'architecture jusqu'à aboutir au plus pédérastique fétichisme que le Capital se charge de fourguer à l'aide de sa vaseline médiatique et de ses petits caporaux éditorialistes.

    Quant aux "oiseaux morts", le lien dans la sagesse des Anciens entre le vent et la puissance de Typhon, facteur des tremblements de terre selon Aristote, ce lien n'incite pas Shakespeare en dehors de la colombe ou de l'aigle à regarder les oiseaux comme des créatures liées à l'Esprit saint. Une pénétration plus forte de la pensée matérialiste d'Aristote, distingué de Platon (L'université aujourd'hui qualifie de "néo-platonicien" un savant comme François Bacon qui rejette Socrate et Platon en tant que porteurs d'un paganisme presque aussi ésotérique que celui de la secte pythagoricienne !) implique que la Renaissance accorde au symbolisme une valeur scientifique plus grande qu'aux signes mathématiques (dont la svastika est un résumé plus-que-parfait). Comme la poésie charrie des éléments mathématiques, le genre tragique que Shakespeare préfère repose au contraire sur une physique matérialiste. Le tyrannie au cours des siècles est aussi indissociable des mathématiques qu'elle l'est de la musique, langages qui exaltent tous deux la vertu et la puissance, une harmonie factice qui dissimule le chaos et l'entropie spirituelle. Les "trous noirs" cinématiques ne font que refléter le néant de l'âme de ces fonctionnaires du culte de soi-même. On ne calcule des "théories des cordes" que pour mieux aller se pendre...

    Pour la science baroque, l'éternité est remplie du sifflement des astres. Pour la Renaissance au contraire, le requiem n'est pas le fracas des instruments de l'hystérique Mozart, qui feront le régal du bourgeois. Mais revenons au début du cantique :

    I.

    Que l'oiseau du plus sublime cantique, sur le seul arbre d'Arabie, soit le héraut triste et trompette pour les chastes ailes obéissant à son appel.

    Mais toi, strident messager, nuisible annonciateur de Satan, augurant la fin de la fièvre, de cette troupe ne t'approche pas !

    Proscrit soit de cette assemblée tout volatile au plumage tyrannique - hors l'aigle, sa plume royale, qui garde la règle sévère de ces obsèques.

    Que le prêtre en surplis blanc sache de cette musique funèbre être le cygne devin de mort, de peur que le requiem ne perde son droit.

    Quant à toi, corbeau triplement archaïque que fabrique le genre noir, avec le souffle que tu donnes et reprends, retourne plutôt à nos convois funèbres.

     

    C'est le "Cantique des cantiques" de Salomon qui est évoqué d'emblée ("Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle ! Tes yeux sont des yeux de colombe." Cant. I,15) ; ou encore : "Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! Car voici que l'hiver est fini ; la pluie a cessé, elle a disparu. Les fleurs ont paru sur la terre, le temps des chants est arrivé ; la voix de la tourterelle s'est fait entendre dans nos campagnes ; le figuier pousse ses fruits naissants, la vigne en fleur donne son parfum. Lève-toi mon amie, ma belle, et viens ! Ma colombe, qui te tiens dans la fente du rocher, dans l'abri des parois escarpées." Cant. II,10).

    - L'arbre d'Arabie renvoie, lui, à l'olivier dont la colombe dans la Genèse ramène une branche à Noé après la défaillance du corbeau. L'olivier est fréquemment associé dans l'Ancien Testament au pays de Canaan. On pense là encore bien sûr à Athéné et au fait que l'olivier est lui aussi symbole de l'Esprit (le palmier a été évoqué par certains commentateurs, mais Shakespeare précise le "seul" -sole- arbre d'Arabie et le palmier pousse sous toutes les latitudes).

    - L'intérêt de la Renaissance pour les écrits prophétiques, que ses plus grands peintres ont traduit en peinture, a poussé certains humanistes à rapprocher le dialogue entre le sage Salomon et son épouse aux yeux de colombe, de la femme de l'apocalypse de saint Jean, épouse du Christ. La "mariolâtrie" du XIXe siècle assez largement satanique, et celle qui l'est plus encore de la bourgeoisie gaulliste qui n'hésitent pas à mettre le Nouveau Testament au service de son dessein nationaliste, ont conduit à interpréter nombre d'oeuvres médiévales ou renaissantes comme des représentations de Marie, la servante du Seigneur, là où l'épouse du Christ est représentée (typiquement lorsque celle-ci est revêtue par Jésus son époux d'un vêtement blanc, symbole de la pureté et de la virginité des élus à la veille de la seconde résurrection).

    - L'aigle accompagne non seulement saint Jean, "fils du Tonnerre", mais Zeus, que l'humanisme chrétien incorpore fréquemment comme le Dieu de l'Ancien Testament à sa théologie chrétienne. Les autres oiseaux symboles de tyrannie : coq, paon, etc. sont pris par Shakespeare pour des oiseaux qui, jusque dans leurs couleurs, évoquent le diable (A. Hitchcock s'est-il inspiré de Shakespeare ?).

    - Le corbeau, oiseau vain depuis la Genèse et sa substitution par une colombe, symbolise dans l'imaginaire chrétien la synagogue de Satan et un clergé temporel dont le pouvoir repose sur le monopole d'ensevelissement des morts. Certain spécialiste de la religion romaine a pu écrire aussi que l'aigle romain est en réalité un corbeau, ce qui est plausible compte tenu du goût des Romains pour le carnage, les pompes funèbres et les divertissements macabres. Il est en outre prêté au corbeau comme au phénix la vertu de renaître trois fois dans le temps.

    - Le cygne, dans lequel le christianisme romantique (Villiers de l'Isle-Adam) a pu voir un symbole de la poésie étranglée par la bourgeoisie industrielle, Shakespeare en fait un symbole du prêtre annonciateur de la fin du temps.

    Vient ensuite l'antienne, où Shakespeare développe une théologie que Léon Bloy essaiera en vain de relever au XIXe siècle, malgré l'hostilité du clergé à toute théologie extra-sulpicienne. Le "Pilate XV" de Léon Bloy précède notre "Pilate XVI" et ses conférences face à des parterres de notables plus compromis les uns que les autres dans la prostitution capitaliste baptisée "valeurs actuelles", le christianisme social de Mauriac bâti sur un noeud de vipères. Cette eschatologie se concentre sur l'étrange propension de Lucifer à parodier le Christ. Tous les deux sont dits "porteurs de lumière" dans les saintes écritures et "étoiles du matin". Le coït est dit "amour" bien qu'il soit plutôt appétit ou possession. Il est logique que le prolongement de l'accident du temps ait entraîné Shakespeare à élucider ce mystère qui laisse l'apôtre des Gentils lui-même perplexe et constitue la toile de fond de l'histoire ("C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et de deux ils deviendront une seule chair." Ce mystère est grand ; je veux dire, par rapport au Christ et à l'Eglise." Eph. V,31-32)

    II. ANTIENNE

    "Ainsi aimèrent-ils comme doublon, l'être étant présent mais en un seul. Deux personnes, aucune division. Le nombre ici dans l'amour anéanti.

    Coeurs scindés, mais non encore écartés ; un vide, mais pas d'espace visible entre la colombe et sa maîtresse. Mais en eux il y avait un étonnement.

    Ainsi l'amour entre eux brillait-il tel que la colombe pouvait voir brûler son droit dans le regard du phénix. Chacun était le moi de l'autre et réciproquement.

    Le principe ravageur était donc que la personne n'était unie ; deux noms pour une seule nature. Mais ni une ni double n'étant appelée.

    La logique elle-même brouillée voyait la division s’accroître de la multiplication par cette double négation commune."

    [Il ne faut pas s’étonner de lire dans Shakespeare des sentences qui paraissent sonner comme une condamnation prophétique du capitalisme en tant que poésie luciférienne ; il n’est pas en cela un homme très différent de Dante Alighieri, déjà lui-même témoin scandalisé trois siècles auparavant de la corruption de l’Eglise et sa collusion avec le pouvoir politique entre les mains des marchands de Florence. On n’est pas loin de l’attitude de Ben Laden vis-à-vis de l’Arabie Saoudite aujourd’hui, de ses chefs religieux et politiques qui compromettent l’islam dans le trafic d’armes avec les nations occidentales impies… à cette différence que Shakespeare comme Dante va en chrétien se tourner logiquement vers les écrits prophétiques ; car comme dit le chancelier François Bacon : « La prophétie est comme l’histoire. » Dans le sens de l'opposition par Shakespeare de la logique matérialiste au rationalisme luciférien, voir aussi les sonnets n°69 et 144.]

    "Le simple fut si bien composé, qu'elle se lamenta : "Comment un couple peut-il simuler la concorde de l'unité ?"

    L’amour a sa raison mais la raison aucune, si elle s'avère être ce qui peut causer la perte.

    L'oraison ci-dessous est dédiée à la Colombe et au Phénix, co-divinités et astres d'amour, formant le choeur de la scène tragique."

    La véritable "théorie de la relativité" que Shakespeare élabore dans ce passage n'est pas surprenante dans la mesure où une telle théorie est déjà présente dans la "Physique" d'Aristote (déjà sous-jacente au poème de l'Alighieri, dont la Béatrice n'est autre que "l'Eglise des bienheureux" elle aussi, et non une vulgaire donzelle dont Dante se serait entiché). Il a fallu tout le culot du philosophe nazi Heidegger et de sa secrétaire très particulière Hannah Arendt pour inclure le matérialisme d'Aristote aux spéculations de la philosophie boche luciférienne, alors même que la "Physique" d'Aristote représente à peu près la négation de la culture italo-boche. Il ne paraît pas inutile de souligner que la trahison du matérialisme d'Aristote est passée par la philologie de traduction en traduction superposées, juxtaposées, comparées, ressuscitant ainsi la gnose médiévale moisie.

    Chaque mot semble pesé dans cette opposition de la foi et de la raison luciférienne à la charité et à la logique véritable de l'Esprit. Dans cette opposition de l'amour vertueux, légal mais fatal, à l'amour-vrai, don de l'Esprit. Cette théologie inspire aussi les "Sonnets". Et renvoie aux réactions divergentes entre Hamlet et Horatio -ange ou démon ?- face au spectre sur le chemin de ronde d'Elseneur, au milieu de la nuit.

    L'étonnement ("wonder"), que l'on retrouve aussi chez Dante, entre la colombe et sa maîtresse, fait allusion à : "(...) Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus ; et, en la voyant, je fus saisi d'un grand étonnement. (...) Et les habitants de la terre, dont le nom n'est pas écrit dès la fondation du monde dans le livre de la vie, seront étonnés en voyant la bête, parce qu'elle était, qu'elle n'est plus, et qu'elle reparaîtra. Ap. XVII, 6-7-8." L'épouse du Christ est décrite sous des jours très différents dans l'Apocalypse, y compris sous les traits d'une putain (La Gertrude d'"Hamlet" ; Dante dans son "Enfer" : "A vous, bergers, mirait l'Evangéliste, quand la putain qui sied dessus les eaux avec les rois lui parut s'enivrer..."). L'étonnement est pour le pêcheur d'hommes Jean, fils de Zébédée, de voir l'épouse du Christ en si mauvaise posture.

    La "scène tragique" est bien sûr l'histoire, pour Shakespeare comme pour Eschyle ou Homère. Il faut pour déblatérer à propos de la fin de l'Histoire comme le cuistre moderne/antimoderne, n'y être jamais entré.


  • Veille de l'Archer

    "Quand j'ai vu par la main cruelle du temps mutiler les trésors fastueux d'âges révolus et enterrés,

    Quand je vois qu'on abat des tours jadis altières, et l'éternité d'airain en proie à un cancer mortel ;

    Quand j'ai vu l'Océan vorace grignoter le Royaume de la terre,

    Et le marécage s'étendre sur le terroir ferme, l'abondance s'augmentant des pertes, et les pertes s'augmentant des provisions,

    Quand j'ai vu une telle inversion des pôles, jusqu'à l'Etat lui-même réduit à la décadence...

    La ruine m'a conduit à ressasser ceci : que le Temps viendra et m'enlèvera mon amour,

    Songe semblable à une mort, une pleurnicherie pusillanime pour obtenir ce que le songe lui-même fait redouter de perdre."

     

    W. Shakespeare, sonnet n°64 (trad. Lapinos) ; sonnet à rapprocher de "Hamlet", acte II, scène 1 : "To be or not to be..."

    Que ma traduction sans mesure ni rythme, opposée à d'autres, traduise correctement ou pas la pensée de l'auteur, les sonnets de Shakespeare et son intention didactique manifeste posent le problème de l'ambiguïté de la poésie, qui hésite entre deux formes d'abstraction contraires, deux idées de l'art universel opposées, qu'on ne peut pas traduire de conserve. De quelle façon l'unité peut être ce qui divise ?

    Shakespeare a-t-il voulu seulement charmer l'oreille de son auditoire ou allumer dans son coeur une flamme révolutionnaire ? Ou bien les deux en même temps ? Qu'est-ce qui prime ?

    Le genre poétique correspond assez à ce que François Bacon baptise "instance de la croix", c'est-à-dire le carrefour où les chemins se séparent en directions opposées (in : "Novum Organum")

    Compte tenu de la manière très chrétienne dont Shakespeare arrache son masque au temps tout au long de son oeuvre, comme un penseur matérialiste ; compte tenu de ce que les vers doivent à l'écoulement des heures, on peut honnêtement penser que la versification et l'harmonie ne sont pas le premier mobile de Shakespeare, plus près de vouloir retourner contre le diable ses propres armes, arc contre arc, flèche contre flèche.

  • Bacon as Shakespeare

    Certaine interprétation officielle du poème de Shakespeare "Turtle & Phoenix" comme exprimant le désir homosexuel ou bisexuel de son auteur suffit à jeter le discrédit sur les théories ayant cours dans l'université concernant Shakespeare. Celui-ci n'était certes pas ignorant des cent figures -non pas trois ou quatre-, de la perversion sexuelle, mais les sonnets excèdent largement le niveau mi-génital mi-sentimental qui est le sommet actuel.

    Erreur similaire des critiques qui reprochent à Shakespeare de manquer de psychologie dans certaines pièces. Quel peut-être l'intérêt de la pédérastie ou de la psychologie en tant que telles pour un auteur tragique ? Même Molière, qu'on peut plus facilement accuser de chercher le comique, ne se comprend pas en dehors de sa volonté de peindre des archétypes. Sans quoi Molière serait Coluche.

    Le même genre de galéjade circule d'ailleurs aussi sur Michel-Ange, dont le dessein est parfois confondu avec le mobile de crétins hystériques et superstitieux tels que W.A. Mozart ou R. Wagner, dont les tempéraments pédérastiques sont certainement plus facile à démontrer que celui de Michel-Ange, tant la musique en général, baroque en particulier, pue l'inceste, le sado-masochisme et la superstition (Il ne faut pas oublier que A. Hitler a possédé des foules de femelles et de bidasses à la façon d'un chef d'orchestre, et que tout regain de totalitarisme s'accompagne d'une déferlante de notes de musique.) Si Ajax avait le crâne fendu nous dit Shakespeare (in : "Troïlus et Cresside"), Ajax que Shakespeare prend soin de décrire comme un suppôt de Satan -tout plein de potentiels-, il en sortirait... de la musique. L'hyper-légalisme totalitaire se reflète dans la musique, pratique dont les conventions sont serrées comme des boulons. Déteint-elle sur l'art... elle engendre la peinture stalinienne de Kandinsky.

    Bien que les commentaires d'Henri Suhamy (Pléiade/"Dico. Shakespeare") présentent un caractère de sérieux et d'utilité minimum (ne serait-ce que par rapport à la phraséologie judéo-chrétienne de S. Freud ou R. Girard), on peut douter de la capacité de Suhamy, voire de sa liberté à présenter la théologie de Shakespeare telle qu'elle est. Une théologie dont la cohérence indique que l'auteur n'a pas laissé le hasard s'insinuer dans son théâtre (que les pièces de Shakespeare aient été écrites rapidement n'est pas preuve qu'elles sont "à l'improviste").

    *

    "En plein XVIIe siècle encore, alors que la plupart des grandes pièces du théâtre élisabéthain et jacobéen avaient déjà été écrites, Sir Francis Bacon ne se persuadait-il pas que l'art sérieux du théâtre avait été manifestement négligé dans l'Angleterre de son temps ? Heureusement, la plupart des praticiens, dont Shakespeare, continuèrent d'obéir à leur instinct, plutôt qu'à Aristote tel qu'on l'interprétait à l'époque." Quelques lignes seulement de la préface d'Anne Barton (éd. Pléiade, 2002) permettent de mesurer l'épaisseur du préjugé scolastique actuel. Il faut comprendre ici entre les lignes que Miss Barton, derrière le masque de la neutralité universitaire, cherche à démontrer indirectement que Shakespeare ne peut être Bacon parce que Shakespeare ne gobe pas Aristote (on trouve la démonstration exactement inverse chez d'autres thésards que le matérialisme du Stagirite n'a rien à voir avec celui de François Bacon).

    Contre Miss Barton :

    - Primo, Francis Bacon est lui-même très peu "élisabéthain" ou "jacobéen", n'ayant trouvé chez Elisabeth ou Jacques que très peu de "répondant" à sa doctrine de rénovation de la sagesse antique, et ce malgré les efforts du savant pour la présenter avec diplomatie. De Bacon, les savants du XVIIe siècle n'ont rien retiré qu'un slogan tronqué, laïcisant ce qui ne l'est pas chez Bacon. C'est tout juste si Hobbes, quelques années plus tard, évoque dans ou autour de sa doctrine du Léviathan -et pour cause !- le théâtre de Shakespeare ou la science de F. Bacon, dont il fut pourtant le secrétaire.

    - Deuxio, si le désir exprimé par Bacon de voir l'Angleterre se tourner plutôt vers Homère, les fabulistes et les auteurs tragiques grecs et abandonner les spéculations et les mythes trop abstraits et décadents de Platon et des platoniciens, si ce désir a peu été suivi d'effets, on ne peut pas dire que Shakespeare fut le plus mauvais élève de Bacon car :

    - Tertio : les pièces de Shakespeare sont truffées de références subtiles à la mythologie (d'où part la tragédie grecque elle aussi), à l'instar de la peinture italienne de la Renaissance, et non pas seulement de références bibliques et chrétiennes. Aristote est même cité au conseil des sages et des rois achéens dans "Troïlus et Cresside" et, ô, coincidence bizarre, Aristote interprété d'une manière très baconienne, non à la manière d'un péripatéticien encapuchonné (Shakespeare affirme constamment sa défiance vis-à-vis des scribes puisque ses traîtres et salauds portent souvent la bure ; sa sévérité n'est non moins grande que celle de Dante Alighieri vis-à-vis des clercs simoniaques et compromis avec le pouvoir temporel.)

    Du reste le regard porté sur la morale par Shakespeare -dans "Measure for Measure" notamment-, renverse la doctrine de la "philosophie naturelle" ou du "droit naturel" chrétien puis laïc, avec l'intention manifeste de tourner en ridicule cette doctrine médiévale (ressuscitée par la science baroque), intention caractéristique de la pensée matérialiste (la vraie, pas celle d'Epicure ou de quelque pythagoricien moisi gobant une théorie "des éléments").

    Dans la mesure où se fier à la vertu est certainement ce qu'il y a de plus hasardeux pour un penseur matérialiste comme Aristote ou Bacon, qui ne détestent rien tant que le destin ou la perspective, postulés par l'âme dans la physique, l'assertion de Miss Barton selon laquelle Shakespeare aurait laissé libre court à son "instinct" relève de la plus pure fantaisie universitaire ; à tel point qu'on a envie de dire à cette Barton d'aller plutôt se faire voir dans un couvent.

  • Brave New World revisited

    Modern dictatorship that Aldous Huxley tried to explain (only the quoting of Shakespeare is well done), this is revealed by the refusal of grounding moral science/laws. Where do the law come from? To where is it driving? No answer. Stupid philosopher L. Wittgenstein said something like: "It is impossible to ground Ethics." W. occultism in Moral science has to be linked with his fight against Nobel prize B. Russell when Russell decided at last to let on one side Pythagorean primary Mathematics (that seem to me made to let their users becoming crazy as a drug).

    I do regard Wittgenstein's attitude in these circumstances as the proof that he was understanding the use of the religious reflexive Milesian mathematics in dictatorship to discourage the interest of common people in Science although art is not a private property but universal; nothing is better to split Science or Art than mathematics.

    Different but not less stupid is Albert Einstein, 'pure Boeotian' who does exchange Physics against Ethics. Sole word of 'relativity' is though indicating that the 'Master's' blind jugglings are about Ethics. Christian or secular theory of 'Natural Law' is broken by Einstein's parallogism that cannot be understood out of the dictatorship context. What is the effect of dictatorship here? To make believe that Einstein is speaking about Physics.

    Absolute Law is becoming Relative Law and Relative Law is becoming Absolute Law: that's the best for dictators and their legal arsenal.

    *

    Although he was too pusillanimous, Voltaire has been fighting since the XVIIIth century against the religious Theodicy of Leibniz that is an algebric Geodesy for modern dictatorship and its dark fate*.

    Voltaire's criticism is of course performed by more drastic of Karl Marx against G.W.F. Hegel's version of the Theodicy/Leviathan in Which Hegel makes the History move the State on a trigonometric rate (to square with the moving phenomenons to which the ethical law is supposed to be linked in theocracy -especially the "light" phenomenon, of course). Mistake of XIXth Christian mathematics and its mediocrity compared to Greek one is rather easy to understand. Binary XIXth century mathematics do believe that the circle is generated by the right line and the right line by the dot. This is the reason why Beltrami, Riemann, Einstein a.s.o, believed they improved Euclide's mathematics. But Greek knew that primary symbol is not the dot but the circle, including all the mathematical stuff that is derivating from it.

    Thanks to Leibnitz static emblematic figure (L. portrayed under the name of "Pangloss" in Voltaire's 'Candide') that capitalism recycled: "Everything is at best in the best of all possible Worlds", one can understand the interest of modern dictatorship in the hidding of Ethics understatment behind "Natural Law" fallacy. This is the best way to protect Policy and hallow it -to play the fish. The Policy is seen in modern dictatorship as a Sphere. Let say Leibniz Theodicy is a sphere to be more acurate, and Hegel's national-socialism is a metamorphic World/Sphere like in Giordano Bruno, N. de Cues or E. Kant science-fictions (Chaplin's famous stage in the "Big Dictator" where the Dictator is playing with a Globe is well done).

    Let us explorate the moral science 'ad infinitum' to protect the Tabernacle of Policy better: that is the turn of official science in Philosophy, famous in France under the name of 'Existentialism' that of course did not invented the circle or the emptyness, not even the faith in words.

    *

    One has to understand too that modern dictatorship is not only more twisted than the old theocracy was, but that it has nothing to do with Jewish religion nor with New Testament. Modern theocracy is a typical product of the bad mixing of both (that Pope Benedictus XVI is continuating after many others before him). Under the cover of honouring Old Testament as much as the New, the mixing, no matter it is islamic or christian or inspirating secular principles, is betraying both Old and New. The theocracy celebrating Phebus is not especially of Jewish/Christian kind, but modern dictatorship devoted to Bacchus does, because of its anthropological turn, not to say 'spin'.

    - In fact, Hebrew people take their Law directly from God, throughout Moses. God is the true warrant of his Law and Moses or Josuah only his assessors. Even if there does probably exist a Jewish natural philosophy, changing Moses in Pan (cf. F. Bacon), and even if one can find the Old Testament explanation 'old-fashioned' -at least Jewish orthodoxy does not suggest the fallacy of 'Natural law' where lots of snakes are coming out.

    - Christian Testament does not trust Ethics nor proportion (that is the key of specific Christian art in Europe and has nothing to do with German F. Nitche attempt that is contrarily based on sexual obsession -as moral laws do themselves!). Jesus is beyond power and virtue. Even the more concentrated on Moral Ethics Saint Augustine must admit that "law does not justify Christian people". And plantain-tree that does not give fruits anymore must be cutted without regrets says Jesus (Plantain-tree is the deep symbol of 'Natural philosophy'/Biology from where ethics law are coming and that is the reason why trinitarian catholics cannot believe that C. Darwin is a scientist as Aristotle or Francis Bacon -and of course many others.)

    Trinity dynamic idea is unknown to the Justification trial coming from paganism anthropological turn ("What is good for God is good for the City, and contrarily"). Roman paganism more than Greek. Therefore Holly Gospels are full of Jesus' warnings against any kind of theocracy from the beginning to the end, especially in Saint John Gospel about the Revelation where the Church as a Whore drinks with Kings, surprising Revelation around which both Dante Alighieri's and Shakespeare theologies are translating).

    In fact F. Bacon had that great idea that makes him probably the strongest Christian scientist in modern time that there is no good marriage possible between Christian trinity and the paganism whose rudder is the anthropological rate. Splitted soul of freudian bad Natural philosophy for instance, is not only bad science but against Trinity dynamics too -shame on Saint Augustine to have published the same kind of theory about soul.)

    If catholic doctors from the Middle age (XIIth-XIVth) -before Marx and Bacon- grounded their Philosophy on Aristotle until the Reformation, it is no doubt partly because the best doctors found in Aristotle the antithesis of "Natural law", theodicy or theocracy principles that is not in Socratic philosophy. It is in fact not possible for Aristotle to square the moral laws that are discontinuous, binary, with ethernal Physics where there is no right middle (Notice that Aristotle's analysis of mathematics, the lesson about the incommensurability of the diagonal to one square side for example, is including more than two thousand years before A. Einstein or H. Poincaré a clear theory of 'relativity' and thus a demonstration that 'Quantic Physics' is for children.)

  • Bacon et la scolastique

    François Bacon (1561-1626), savant qu'on ne peut dire "anglais" tant le système impérialiste britannique qui s'est développé au XVIIe siècle s'en éloigne, est victime aujourd'hui de ce qu'il détestait le plus : le commentaire scolastique. Il s'applique désormais à ses propres ouvrages, dans lesquels il est permis de voir la quintessence de l'esprit européen, n'en déplaise à ceux (Hobbes, Descartes, Leibnitz, Hegel) qui ont pu voir dans la barbarie romaine un modèle de civilisation.

    Etudier Bacon permet d'ailleurs de constater à quel point la science laïque contemporaine est une mauvaise parodie de celle du moyen âge, le XVIIe siècle obscurantiste ayant largement contribué à ce mouvement rétrograde (Ainsi B. Pascal a près de deux mille ans de retard sur le plan scientifique et traite de problèmes de robinets ou de pipes déjà résolus par Euclide dans l'Antiquité ; Descartes, lui, invente les "trous noirs" en tentant de résoudre des problèmes posés par Aristote, dont le sens et le but lui échappent.)

    *

    On pourrait faire tout un florilège des opinions prêtées sans fondement par l'Université laïque à Bacon, sous prétexte d'attirer Bacon à sa cause. De toute évidence, la science laïque est encore plus compartimentée, segmentée, que ne l'était la science au moyen âge, et ses tabous plus nombreux. Or Bacon ne divise pas, il hiérarchise.

    On va même jusqu'à attribuer à Bacon (pas plus "anglican" que "catholique romain") sur le plan chrétien d'être "continuiste" - entendez continuité de l'Ancien Testament et du Nouveau -, ce qui est aussi grotesque que d'en faire le père ou le parrain de la franc-maçonnerie, puisque cette doctrine étrange du "continuisme" n'a jamais existé dans les Eglises chrétiennes, en dehors de Mgr Barbarin, plus soucieux de flatter que d'autre chose. Même saint Augustin, adversaire de Marcion, ne peut être accusé de "continuisme" et disserte même assez longuement sur l'ineptie qu'une telle doctrine continuiste constituerait.

    *

    Une erreur plus "sérieuse" et plus intéressante est celle qui consiste à opposer la science matérialiste d'Aristote à celle de Bacon. D'abord il convient de dire que la science d'Aristote est beaucoup plus "expérimentale" que celle des laborantins d'aujourd'hui, l'oeil collé au microscope et qui manient l'extrapolation à tout bout de champ. Un savant contemporain - Claude Allègre, par exemple - qui reprend à son compte cette fantaisie de la "théorie du battement de l'aile d'un papillon", n'a rien d'expérimental ; l'idée que les calculs statistiques participent de l'expérience scientifique est complètement étrangère à Bacon, pour ne pas dire à la science quand on constate le nombre de prétendus savants englués dans les statistiques. A quoi il faut ajouter les spéculations fumeuses issues de la physique quantique, dont les frères Bogdanoff signalent le caractère entièrement médiatique. Et ce n'est pas un hasard si la thèse de l'univers plat des Bogdanoff rappelle la théorie de la terre plate de quelque moine débile du moyen âge. Les récentes "avancées" de la physique quantique dans le domaine de la cryptographie auraient sûrement suscité le plus grand mépris de la part de Bacon qui utilisait les chiffres pour coder ses... missives.

    Ce que Bacon déteste, ce n'est pas tant Aristote, bien sûr, que ses commentateurs médiévaux qui en ont fait une sorte d'idole. Ceux-ci se concentrent d'ailleurs non pas tant sur la science physique ou naturelle d'Aristote que sur sa métaphysique et ses méthodes d'analyse. Comme Aristote, Bacon condamne le raisonnement rationnel, quantitatif, et relègue les mathématiques au rang inférieur de simple outil. S'il a pu être "méthodiste" sous l'influence de Platon, l'intérêt du Stagirite s'est tourné ensuite vers la forme physique et une doctrine artistique comme celle de Bacon.

    *

    Trois aphorismes tirés du "Novum Organum" de Bacon permettent de voir que le matérialisme de Bacon n'est pas ou peu divergent de celui d'Aristote :

    - (n°5) : "Mécaniciens, mathématiciens, médecins, alchimistes et magiciens se mêlent de pénétrer la nature (au niveau des oeuvres) ; mais tous (en l'état actuel) sans grand effort et pour un succès médiocre." : Bacon ne rejette pas complètement les mathématiques ni l'alchimie, mais il sait leur impuissance à pénétrer les formes de la Nature ; Aristote pour sa part méprise justement Pythagore et Thalès, leur secte de "scientologie" fondée sur les rapports algébriques. Un moine contemporain de Descartes emploie le mot juste pour qualifier Pythagore : c'est un législateur et non un savant naturaliste. S'il y a une "loi naturelle", ce qu'un chrétien ne peut pas croire (et Bacon est chrétien), cette loi est "pythagoricienne", fondée sur les "oeuvres", c'est-à-dire la génération et la corruption dont Aristote soupçonne le caractère d'artifice. Bacon, comme nul matérialiste avant ou après lui ne croit que la jurisprudence ou les mathématiques possèdent un caractère divin ou surnaturel.

    - (n°13) : "Le syllogisme n'est d'aucun emploi pour les principes des sciences et en vain l'applique-t-on aux axiomes moyens, puisqu'il est loin d'égaler la subtilité de la nature. C'est pourquoi il enchaîne l'assentiment, mais non les choses." : le combat de François Bacon contre le syllogisme rappelle non seulement celui de Roger Bacon d'Oxford (1220-1292), mais il est aussi proche de la volonté d'écarter les mathématiques du Stagirite (en dehors de la géométrie qui traite de l'aspect qualitatif et de la forme - Aristote connaît la différence contrairement à Descartes ou Fermat entre la perspective et la science des formes). Aristote souligne précisément dans sa physique la nature "syllogistique", si on peut dire, de l'algèbre, et qu'elle appartient au domaine de la démonstration/rhétorique (en décortiquant les fameuses démonstrations mathématiques de Zénon d'Elée). C'est à cet aspect de la science d'Aristote que Descartes s'est heurté sans le comprendre. Descartes a donc "aboli" une différence qu'Aristote et Bacon se sont évertués à souligner.

    - (n°14) : "Le syllogisme est composé de propositions, les propositions sont composées de mots ; les mots sont les tessères des notions. C'est pourquoi, si les notions elles-mêmes (qui sont la base de l'édifice) sont confuses et sont abstraites des choses de manière hasardeuse, on ne trouve rien de ferme dans ce qui est construit sur elles. C'est pourquoi il n'y a d'espoir que dans l'induction vraie." : cet aphorisme permet de comprendre la distance entre Bacon et le fameux "c.q.f.d" utilisé par les savants laïcs. L'induction de Bacon n'a rien d'ésotérique. Elle n'est ésotérique que pour un savant laïc qui ne conçoit que l'approche légale ou mathématique de la physique ; exemple fameux : la théorie d'Einstein, sophisme emberlificoté si on le compare à celui de Zénon d'Elée (et qui vise à démontrer le contraire). La leçon d'Aristote de l'inertie des mathématiques se trouve confirmée (involontairement) par Einstein, puisque avec le même outil réthorique, en jonglant avec des vecteurs, Zénon et Einstein aboutissent à deux "solutions" diamétralement (c'est le cas de le dire) opposées (le théorème de Zénon conservant quand même la supériorité dans le domaine de l'élégance, cher aux troudiseurs d'étronimes sottises en forme de noeud papillon).

    Difficile de ne relever au passage la parenté de cet aphorisme avec la dialectique de Karl Marx, qui constitue une véritable remise en cause de la grammaire. Marx a d'ailleurs mis en exergue que la pyramide du droit national-socialiste de G.W.F. Hegel est fondée sur le syllogisme (le fameux "sein-dasein", sorte de retour de la fonction courbe sur elle-même), de sorte qu'on peut quasiment dire que le progrès selon Hegel est trigonométrique/mécanique.

    On peut aussi ajouter qu'il n'y a pas de savant matérialiste sérieux qui ne récuse l'emploi du syllogisme, jusqu'à effondrer de pieuses cathédrales fondées sur l'anthropologie s'il le faut. De fait l'architecture -réelle ou spirituelle- doit beaucoup au syllogisme.

    Impossible par ailleurs de comprendre et expliquer Bacon sans tenir compte du fait que c'est un savant chrétien, vu que sa hiérarchie scientifique (antipolitique, quasiment) repose sur la foi de Bacon dans le Saint Esprit (que la théodicée celtique ou germanique a pour effet de réduire à la grâce, c'est-à-dire au néant). Si Bacon rejette la philosophie païenne en effet, pour se concentrer sur la science et les fables des Anciens, contrairement au moyen âge (Thomas d'Aquin), c'est qu'à ses yeux la philosophie païenne est une menace beaucoup plus grande pour la théologie que l'étude de la nature créée par Dieu. Le rejet ultérieur de Marx de la philosophie, s'il n'a pas un mobile chrétien comme le rejet de Bacon, a la même conséquence : purger la science de ses raisonnements anthropologiques.

    (La seule critique sérieuse de Bacon dirigée contre Aristote l'est contre la théorie du mouvement d'Aristote, mais il n'est pas certain que Bacon ait eu accès à une bonne traduction de la "Physique" en son siècle crucial.)

  • Mythomanie laïque

    Le problème de l'interprétation contemporaine de la mythologie grecque (-XVIIIe), sur laquelle la mythomanie laïque repose en partie, est le suivant :

    - si la science d'Aristote est mieux fondée sur la mythologie que la philosophie de Platon, comme l'oeuvre de François Bacon le laisse penser, dans ce cas des théoriciens animistes comme S. Freud ou Lévi-Strauss, Paul Diel, F. Nitche, etc., ne sont pas en position de comprendre une mythologie qui a surmonté le problème de l'âme, de l'opposition entre la dynastie et la dynamique, des différentes sortes de phénomènes naturels, etc.

    L'ignorance de l'art contemporain est une limite pour les Grecs fait remarquer P. Diel. Remarque qui prête à sourire. Elle revient peu près à dire que la science physique grecque à pâti du manque d'ordinateurs et d'un outil comme wikipédia.

    De là vient aussi que les traités portant sur la mythologie romaine, ceux de G. Dumézil par exemple, paraissent beaucoup mieux argumentés et plus sérieux. Junon "parle" beaucoup plus à notre époque qu'Athéna ou Ulysse.

     

  • Les Mystères Bacon

    Emilienne Naert, à propos du traité de Hobbes "De la Nature humaine" (1640), tissu de spéculations archaïques, note :

    "Il y a aussi un air de parenté entre l'athéisme et l'anti-christianisme de Hobbes et de d'Holbach."

    De fait il est surprenant de constater à quel point Hobbes, qui fut pourtant son secrétaire, renverse complètement la théologie occitane de François Bacon pour fonder ou refonder le "judéo-christianisme" en plein XVIIe siècle. Hobbes n'a conservé de Bacon que l'argumentation contre l'exégèse romaine de R. Bellarmin (exégèse ô combien délicate du "Tu es Petrus...")

    Ce que ne dit pas cette Emilienne, c'est que cette division en deux branches du "judéo-christianisme", l'une athée, l'autre pas, subsiste encore aujourd'hui. Michel Onfray d'une part, par exemple, et Rémi Brague de l'autre. Contemporain de d'Holbach, Diderot est aussi un bel exemple de janséniste athée, dont la particularité est de prendre toutes les théories libérales pour argent comptant, à l'instar d'un Tocqueville un peu plus tard.

  • La Mère morte

    Le cas des infanticides perpétrés par Véronique Courjault permet, comme l'exemple précédent du tueur en série, de mieux comprendre le tribalisme laïc. Pourquoi l'infanticide et l'eugénisme sont-ils désormais unaniment admis par la société civile ? Les cris d'orfraie devant le crime de la Courjault ne sont qu'une feinte, comme le féminisme en plein trafic pornographique.

    Animisme et croyance dans la métempsycose sont caractéristiques du tribalisme ; et la foi superstitieuse dans la thèse freudienne témoigne de l'ampleur de l'hystérie laïque ; autrement dit, lorsque Lévi-Strauss se penche sur le tribalisme, c'est mû par le même tropisme que Narcisse vers son reflet dans la mare froide de la "psyché". L'image reflétée de la barbarie primitive fascine le sorcier laïc Lévi-Strauss. Avec ce bémol : le miroir dit que la sauvagerie était plus belle et envoûtante lorsqu'elle était jeune, plus directe et brutale que le masque d'hypocrisie du sorcier laïc, son bicorne de vieillard académicien. Il est vrai qu'entre un masque vaudou et l'art stalinien de Kandinsky, l'hésitation est permise. L'artifice de l'animisme primitif est directement lié aux phénomènes naturels ; de là vient la séduction de sa sauvagerie. De l'animisme tribal à l'animisme laïc, il y a du phénix au corbeau.


    *


    Qu'est-ce qu'une société qui juge Véronique Courjault ? C'est une société d'insectes aveugles. La métempsycose, la transmission de l'âme se fait désormais dans la progéniture. On peut d'ailleurs bien saisir ici sur quel type d'anthropomorphisme repose l'idéologie darwinienne, en quoi le darwinisme fait partie du dogme laïc : à la voie du Ciel qui est fermée, Darwin et ses disciples substituent une issue génétique, qui permet à la société laïque de se projeter dans l'avenir (au darwinisme nazi, on n'a fait depuis qu'ajouter une dose d'hypocrisie et des comités d'éthiques fantoches). Descendance contre transcendance. De la même façon l'astronomie contemporaine n'est plus une cosmologie mais une généalogie.

    Aussi le pacte d'un chrétien avec le darwinisme signale-t-il sa possession par des principes étrangers à la parole de Dieu. Le piège du diable est particulièrement bien paré de raison et de grammaire, à défaut de logique et de force.

    Bien que d'un conformisme intellectuel rare, la littérature évolutionniste de Pascal Picq renseigne parfaitement sur la formule religieuse temporelle du darwinisme. Le curé Picq traque d'ailleurs l'hérésie créationniste avec une rage qui rappelle celle d'un inquisiteur dominicain, toute science flanquée avec mépris aux oubliettes.


    *


    L'affaire Courjault est significative de ce que le corps n'est plus considéré avec mépris que comme le contenant de l'âme, sa banale enveloppe ; l'âme a désormais investi le moindre objet : photographie, vêtement, automobile, téléphone portable, maison de famille, ordinateur personnel - le fétichisme est partout ; pire, l'âme hante désormais par le biais de langages puritains (tels l'algèbre et le droit), jusque les meubles incorporels : nation, état, club de football, cinéma, entreprise, copulation, musique ; plus raisonnable et mieux fondé était le moyen âge en regard, de prêter l'âme d'abord aux bêtes domestiques ou sauvages.

    Deux comportements dynastiques sont possibles : ou bien la famille sera nombreuse, parant ainsi la mort par la quantité ; ou bien le choix sera fait d'un eugénisme légal, choix de la qualité, qu'on peut interpréter comme une idée de la métempsycose plus raffinée, "existentialiste". Quoi qu'on puisse penser superficiellement, ce n'est pas sur une base morale que se fait le choix entre ces deux comportements dynastiques, mais sur une base patrimoniale. L'effet du patrimoine n'est pas moins grand aujourd'hui qu'il n'était dans la famille au XIXe siècle ; ce qui s'est considérablement accru, c'est l'hypocrisie.

    Le comportement de Véronique Courjault traduit surtout une hésitation. Si j'étais capable d'endosser l'ignoble robe noire de l'avocat laïc pour défendre cette femme, bouc émissaire commode, je serais tenté de dire : "Que le couple qui n'a jamais pratiqué la régulation des naissances lui jette la première pierre." D'autant plus que la conservation des corps de ses victimes plaide plutôt en faveur de Mme Courjault. La négation du corps n'est pas totale comme dans l'avortement par injection de produit chimique ou curetage mécanisé. Le païen qui enterre ses morts et entretient leur culte, celui-là sait que la terre est une chambre froide. Le stade qui consiste à enfouir les corps plutôt qu'à les brûler est un stade politique plus avancé, qui marque une progression par rapport à l'animisme radical, où les âmes circulent partout où bon leur semble comme des fantômes, et le corps est complètement dissout. Le besoin d'être confronté au cadavre vient de la peur des fantômes.


    *


    Qui place ses billes dans sa progéniture peut se préparer à un avenir de plomb et non d'or, comme il l'espère. Si comme Karl Marx on traduit Aristote sans le trahir*, on comprend à quel point, de Nitche à Freud en passant par Lévi-Strauss, on comprend comme l'hiatus animiste ultime est le produit du tour totalitaire que prend forcément la politique. Il est terrible pour un chrétien de constater à quel point le christianisme a fourbi les armes d'une telle subversion, notamment des canailles incestueuses comme Blaise Pascal, Nicolas -le crabe- de Cues, Isaac Newton, Hobbes (le plus intelligent donc le plus coupable), Descartes, Huygens, Leibniz, et leurs idéologies de mort.

    Descartes est bien capable de voir la dimension ésotérique flagrante de la théorie d'attraction de Newton, mais s'avère cependant incapable de discerner sa propre fascination pour la religion animiste des Milésiens, Pythagore au premier chef, dont le nom propre sonne pourtant comme un avertissement pour un chrétien, fût-il superficiel.

    On comprend aussi la dimension prophétique de la science de François Bacon, théologien sous le nom de Shakespeare, dont les sonnets spécialement disent, mieux que Baudelaire encore, ô combien le phénix est proche de la colombe, ou bien encore que la maîtresse à la chevelure de jais éloigne du blond combattant qui brandit la lance de l'Esprit. Afin de frapper plus juste et garder le sang-froid, Shakespeare pose contre Dante qu'il vaut mieux ne pas s'encombrer d'une Béatrice.

    *Pour Aristote l'homme n'est porté à la copulation et à la politique, second sentiment plus élaboré qui dérive du coït, qu'au stade animal. Le grand savant naturaliste n'a pas manqué d'observer que la meute de loups est aussi une société politiquement organisée. La science d'Aristote est subvertie par les barbares romains, puis par les savants judéo-boches qui lui font dire son contraire et traduisent la pensée d'Aristote en éloge de la politique ! En germe dans sa pensée politique, plus développée dans sa science physique, la critique de la musique, instrument d'asservissement social, est déjà présente chez Aristote. Athéna détruit l'aulos, la flûte à deux tuyaux, après l'avoir inventé.

  • Rotten Kingdom

    One can love Shakespeare but hate United Kingdom as I do.

    Was Shakespeare Francis Bacon or not? To be able to answer this question, the fact that Shakespeare himself is involved in a mystic fight against British Kingdom has to be noticed. In the 'Hamlet' Tragedy, Shakespeare does compare his Heroe Hamlet with Pyrrhus, son of Achilles. Pyrrhus killed Priam and Hamlet will kill usurper King Claudius who married his 'mother' (who is not really his mother). And Greek heroes' triumph against Troy is due to Understanding as Hamlet's unfinished Triumph).

    It is thus difficult to include Shakespeare in the 'English religion' without changing the Tragedy in a romantic XIXth German Drama before -as S. Freud or F. Nietszche did.

    British official History is that London was founded by the Trojan survivors as Roma. And the legend about Arthur and the British Knights is continuating the Mythology. Obviously Shakespeare is OUT the Trojan Camp (which is a fortress although Greek heroes are 'free men').

    Is there no good reason to give the Arthurian Legend up? No doubt that Shakespeare whose theater reveals an acurate knowledge of both the Greek Mythology and the Holy Scripture (This second point is more difficult to see in our Time of Apostasy, but see the two different attitudes of Hamlet and his friend Horatio in front of the Ghost for an example of the way that S. depicts the Middle Age religion ; a Ghost at night cannot be somebody else than a Devil for Horatio, although Hamlet is very careful, knowing that the Saviour will come as a robber at night when nobody will expect it anymore).


    *


    No doubt that Shakespeare was capable to recognize the Satanic symbols in the Arthurian legend such as the red dragon or the lion (with the mouth opened). Kingdoms and Nations are therefore mentioned in saint John Gospel as the Beast's tools. And there are here three (on seven) Kingdoms, linked together: Kingdom of Priam, Roman Empire and United Kingdom. For sure Shakespeare's Theology is very different from Hobbes' one later; and Francis Bacon is not even mentioned in the big book 'Leviathan', although French bad philosopher R. Descartes is (who thought that the soul is a Gland in the Brain!) -'Leviathan' that was published less than fourty years after Francis Bacon books about Greek mythology and Elizabethan Theater. 

    Christian rock'n roll music is now part of catholic religion in spite of the satanic echo of music in general and rock'n roll in particular. But Bacon's Age was more interested in the Revelation of John and the understanding of the Holy scripture. King Henry VIIIth divorce certainly played a role in the new original christian vision of W. Shakespeare. Even if Dante Alighieri is not in the Greek Camp but in the Roman Camp (with Virgil against Ulysses), closer from the Middle age theology than Shakespeare does, Dante's Inferno is not empty of clergymen, 'fish mongers'. This kind of vision is very difficult to understand now, especially in Europe where clergymen are not involved in politics since a long time and are just ballet-dancers now. Use of Church in Europe now is to represent 'Past', which is very useful for a kind of 'State Religion' (on the pattern that Hobbes wrote) that wants to be 'Today and the Future'.

    The books of Francis Bacon are proving that he was convinced of the historical sense of the Greek mythology, not only of the legal sense of these archetypes built against time-flow (i.e. chronology).

    History itself proves that Bacon was true to believe in the brass of Greek and to fight against the Leviathan that he is prophesying. Difference with Hobbes is that Bacon makes the Middle age 'medium', although Hobbes -who IS the British man in which French people see perfidy- just seals the agreement between Gertrude and Claudius with a beautiful sermon.

    "Hell is Truth seen too late" said Hobbes, and he is in, Prophet in a mirror out of History.

  • Un peu de Science

    "Un peu de Science pour tout le monde", c'est le slogan (laïc) de Claude Allègre. A quoi Francis Bacon répond chrétiennement : "Un peu de Science éloigne de Dieu, beaucoup de Science en rapproche."

    Je ne sais pas si j'arriverai un jour à pardonner à Benoît XVI d'avoir fustigé Francis Bacon. Les fautes de goûts, je le répète, sont impardonnables. Peut-être le pape s'est-il senti visé par l'aphorisme de Bacon ?

  • Permis de croire

    Est-il permis de douter de Dieu en 2008 ? Le fait est que beaucoup de Français doutent à voix haute ou à voix basse. La foi musulmane est jugée trop "entière" par la France laïque.

    Si je me sens aussi étranger à la masse de mes contemporains, c'est qu'un tout autre doute m'étreint. Aussi loin que mes souvenirs remontent, j'ai toujours douté qu'on puisse douter vraiment de la présence de Dieu. C'est ça qui est terrible avec le doute : il s'insinue partout. Et je me montre compréhensif lorsqu'on ne me croit pas sincère. Il ne manquerait plus que je m'oppose au doute du doute du doute !

    Cela peut paraître futile, voire ridicule, pourtant mes relations sociales ont toujours été plus ou moins affectées par cette incertitude.

    Et je ne lis pas seulement Villiers de l'Isle-Adam ou Francis Bacon pour en extraire la substantifique moëlle, idem pour le Tintoret ou Véronèse au Louvre, je les lis aussi pour élargir le cercle de mes amis.

    On pourra penser qu'il ne me reste plus qu'à aller me faire voir aux Etats-Unis où tout le monde croit. Mais entre faire semblant de croire et semblant de douter, la différence n'est pas si grande et à tout prendre je crois que j'aime encore mieux le deuxième choix.

  • Créationnisme

    C'est le même mouvement qui pousse le pape à condamner la science positiviste de Roger ou Francis Bacon, de Karl Marx, et à admettre en revanche les hypothèses débiles de la science capitaliste, l'évolutionnisme en tête.

    Les "repentances", quels que soient les hypocrites qui les signent ou les contresignent, en faveur des noirs, des Juifs, des Arméniens ou de ma pomme, est le signe avant-coureur de nouveaux crimes commis au nom des Droits de l'Homme.

    Rien n'est plus opposé au pardon sincère que ces ignobles repentances. On a inventé-là une nouvelle manière laïque ou démocrate-chrétienne de se payer la tête des morts.

  • Crever la bulle

    Je feuillette un petit ouvrage théorique sur le jansénisme. Contresens complet de l’auteur qui prétend que le jansénisme s’éteint au XIXe siècle alors qu’il triomphe pour la première fois sur le parti adverse. La France cesse d’être catholique peu à peu dès lors, jusqu’à en arriver à ce pays de démocrates-crétins sarkozystes aujourd’hui, qui lisent Proust, Heidegger ou Nitche et osent par-dessus le marché se dire “Français”, ces foutus bâtards apatrides ! Tariq Ramadan est plus Français qu’eux qui préfère Voltaire. Et Nabe-Zanini est un des derniers Français, alors qu’il est Italien !

    *

    C’est un tel triomphe des idées jansénistes au XIXe siècle qu’il n’est plus besoin de parti janséniste pour les défendre. Lorsqu’on étudie l’essence du jansénisme, ou l’essence du christianisme, ou l’essence de la religion laïque, on n’a qu’une vue partielle de ces phénomènes religieux.
    Qui oserait prétendre qu’en se rangeant du côté d’Horkheimer, d’Adorno, de l’idéalisme allemand, et même de saint Augustin, Benoît XVI va à contrecourant des idées mondaines ? Les derniers séminaristes en France étudient Kant et Heidegger, Pascal, non pas Joseph de Maistre ou Francis Bacon, Claudel.

    Lucien Jerphagnon raconte qu’en inaugurant son cours sur saint Augustin dans les années soixante, dans une faculté fréquentée par de nombreux “marxistes”, il s’attendait à des réactions hostiles. Jerphagnon a raison, un marxiste a en théorie autant de raisons de s’opposer à saint Augustin qu’un catholique orthodoxe au jansénisme ou au calvinisme (Tandis que Marx, en revanche, n’hésite pas à rendre un hommage discret à un théologien comme Duns Scot - attaqué par Benoît XVI au contraire -, ou à inviter Lamennais, traducteur de L’Imitation de Jésus-Christ, à collaborer aux Annales franco-allemandes.)
    Il n’y eût pas de réaction marxiste au cours de Jerphagnon. Y a-t-il eu jamais réellement des communistes en France ? Très peu, des communistes “instinctifs” comme Picasso ; ou des communistes “pascaliens” comme Mitterrand ou Drieu La Rochelle, c’est-à-dire des mutants.
    La totale indécision de la France en 1940, signalée par Drieu, s’explique en partie de cette façon. Un côté penche pour les Russes, l’autre pour l’Allemagne.
    On en est resté là d’une certaine façon. La faille entre les deux plaques tectoniques idéologiques traverse la France, ce qui explique son “immobilisme” ou sa “résistance”, suivant le côté où on se place. La faille traverse parfois le Français lui-même. Cette faille on la retrouve chez Drieu et Mitterrand, Français “exemplaires”.
    Aujourd’hui il y a Nabe, d’une part (plus anti-américain que les communistes ou que Le Pen), et BHL à l’opposé (dont la furia pro-américaine ne va pas, hélas, jusqu’à le pousser à émigrer à New York), mais la grande majorité des Français est partagée.

    *

    L’hérésie du parti communiste français, c’est d’avoir rapproché Marx de l’athéologie de Feuerbach. Contre la vérité, cette vérité que dès les premières lignes des thèses sur Feuerbach (Ad Feuerbach), Marx et Engels caractérisent l’hérésie de ce théologien allemand nénamoins CRUCIAL, et condamnent son matérialisme.
    Feuerbach est d’ailleurs “Ionien”, il le dit lui-même ; ce qui le rapproche de saint Augustin. Tandis que je mets quiconque au défi de démontrer que Marx et Engels sont des penseurs “néo-païens”.

    Le parti communiste français, en réalité, n’a fait que répéter cette erreur de l’Eglise catholique qui consiste à s’approprier Dieu, la Vérité, alors que pour Marx la Vérité est transcendante, objective, comme Dieu l’est pour un catholique, et non pas immanente. Pour un démocrate-chrétien comme pour un laïc athée, Dieu et la vérité sont “intérieurs”. Aussi sont-ils comme des bouddhas, remplis de certitudes indigestes.
    La vérité, le démocrate-chrétien s’asseoit dessus.